Un souvenir de Nulle-part

Dernier jour, doutes

Au comptoir mais attablé

Émilie et Régine alignent les canettes de bière, de boisson énergisante ou au lait chocolaté sur les tablettes du rayonnage réfrigéré. C’est leur dernier jour.

J’ai posé mes lunettes aux branches desserrées sur la table stratifiée en compagnie de mes carnet et stylo ainsi que d’une serviette en papier ayant servi à éponger la goutte d’eau tombée sur les prémices de mon dessin du jour. Le ciel grisâtre correspond à l’idée que l’on se fait généralement d’une période de rentrée scolaire et je fais des phrases que d’aucun jugerait bien trop longues. Tant pis.

Je me pose brièvement mais régulièrement la question de la pertinence de mes choix faisant de moi un pilier de comptoir épisodique et sobre, ingurgitant uniquement des cafés allongés pas terribles, des canettes de Perrier ou de Coca-Cola Zero, le tout accompagné de viennoiseries — tout à fait correctes,elle, voir plus. Je songe à mon projet de taxonomie des bières faisant l’objet de transactions dans ce point de vente de pain et autres pâtisseries industrielles, au défilé des habitués, à la règle du lieu de ne pas permettre les ardoises mais de quand même noter quelques sommes dues dans un carnet à côté de la caisse, entre la pince à gâteau et le testeur de faux billet.

Qu’est-ce qui distingue la Huche à pain de Toulouges[1] du Tabac de l’université du septième arrondissement de Paris où j’avais également quelques habitude ? Et est-ce que le passage du second au premier dit quelque-chose de mon parcours ?